Être parent, c’est grandir avec son enfant

"Vous pouvez leur donner votre amour, mais non point vos pensées, car ils ont leurs propres pensées." – Khalil Gibran
Une période de rupture et de reconstruction
Il y a deux ans, je me suis séparée et j’ai perdu mon emploi. En l’espace de quelques mois, j’ai vu ma vie basculer. Il a fallu me reconstruire seule, affronter l’inconnu, garder le cap... et surtout, garder la face devant ma fille. Je voulais la protéger du mieux que je pouvais, éviter qu’elle porte le poids de cette tempête. Mais ce n’était pas simple.
Elle était en colère. Et moi, j’étais vide. J’étais là sans être vraiment là. Émotionnellement absente. Un jour, ça a explosé. Ça a clashé. Et j’ai craqué. J’ai pleuré devant elle. Je lui ai dit que j’étais désolée pour tout ça, que je n’étais pas parfaite, que j’étais fatiguée. Que je n’avais pas reçu de manuel pour gérer une séparation et une perte d’emploi en même temps. Et encore moins pour devenir mère. Que je suis devenue maman avec elle, en apprenant chaque jour à son contact. Que chaque situation est nouvelle pour moi, et que je fais du mieux que je peux.
Je lui ai dit que peut-être, un jour, on se rendrait compte qu’on n’a pas toujours pris les bonnes décisions. Mais qu’on aura fait ce qu’on pouvait avec les moyens, les outils, les connaissances qu’on avait à ce moment-là.
Une nouvelle complicité mère-fille
Et là, il s’est passé un truc magique. Elle m’a prise dans ses bras. Elle s’est excusée elle aussi. Depuis ce jour-là, un vrai dialogue s’est ouvert entre nous. Elle n’a plus peur de me dire ce qu’elle ressent, de me dire si quelque chose lui a fait de la peine, ou si elle n’a pas apprécié une de mes réactions. Elle est devenue mon miroir. Et grâce à elle, j’ai appris à me voir avec plus de lucidité, mais aussi plus de douceur.
Ma fille, je l’aime plus que tout. Elle n’avait que 9 ans à l’époque. Je ne voulais pas lui faire porter mes fardeaux, mais ce jour-là, mes mots sont sortis sans filtre. Et quelque part, je crois qu’elle avait aussi besoin de ça : d’une mère humaine, pas d’un modèle figé.
Depuis, notre relation s’est transformée. On rigole beaucoup, on partage plein de choses, et quand elle est avec son père, elle me manque terriblement. Tout ce que je fais aujourd’hui, je le fais pour moi, mais surtout pour elle.
Prendre soin de moi pour elle
J’ai décidé de prendre soin de moi pour elle. Parce que si je suis mal à l’intérieur, comment pourrais-je être aimante, patiente, disponible ? Je me pousse à mieux gagner ma vie pour elle. Parce que je veux lui offrir la vie dont on rêve toutes les deux : du confort, des voyages, de la légèreté.
J’ai appris à déboucher des éviers, réparer des portes, des lave-vaisselles, parce qu’il n’y a pas d’homme à la maison. Juste elle et moi. Et chaque peur que je dépasse, je sais que c’est grâce à elle. Elle est mon moteur.
Accompagner au lieu de contrôler
Parfois, j’entends des parents se plaindre de leurs ados. Plus de dialogue, plus d’écoute, ils préfèrent passer du temps avec leurs amis... Et je me demande : où est le problème ? Laissez-leur cet espace. C’est naturel. Et surtout, ne vous imposez pas. Proposez-lui un moment de qualité que vous décidez ensemble, pas quelque chose qu’il subit.
Un enfant n’est pas notre prolongement. Ce n’est pas un mini-moi qu’on peut contrôler à sa guise. C’est un être à part entière, avec ses besoins, ses rêves, ses limites. Et je vois tellement de parents projeter leurs attentes, leurs blessures, leurs frustrations sur leurs enfants...
La vulnérabilité comme force éducative
Longtemps, j’ai cru que je devais être forte. Ne jamais montrer mes failles, mes émotions. Mais ce jour où j’ai craqué, quelque chose s’est libéré. En étant vulnérable, j’ai montré à ma fille que les émotions ne sont pas honteuses. Que pleurer, dire qu’on ne sait pas, qu’on a peur, ce n’est pas un signe de faiblesse. C’est une force d’humanité.
Ce moment de vérité entre nous a été bien plus éducatif qu’un discours parfait ou une posture rigide. En me voyant imparfaite mais sincère, elle a compris qu’elle aussi avait le droit d’être elle-même, avec ses hauts et ses bas.
L’importance de l’espace
Je pense que l’un des secrets d’une relation saine avec un enfant, c’est le respect de son espace personnel. Le laisser souffler, avoir ses moments à lui, respecter ses silences, ses envies, ses rythmes. Trop de conflits viennent du fait qu’on attend de l’enfant qu’il soit toujours disponible, réceptif, ou qu’il fonctionne selon NOS horaires et non les siens.
Quand je sens que ma fille a besoin d’être seule, je ne le prends pas mal. Je ne lui impose pas ma présence. Et je remarque que cela renforce notre complicité. Parce qu’elle sait qu’elle est respectée.
Être parent, c’est apprendre tous les jours
Je ne dis pas que je suis parfaite. Peut-être que dans quelques années, moi aussi je me plaindrai de ma fille ado qui ne me calcule plus. Mais pour l’instant, j’ai l’impression qu’on construit quelque chose de fort, de vrai.
Je la respecte. En tant que personne. Avec ses besoins d’espace, de calme, de solitude parfois. Et je pense que c’est ça, le cœur de toute relation saine : le respect de l’autre. Que ce soit avec un enfant, un conjoint, un ami... Respecter les besoins de l’autre. Ne rien imposer au nom de l’amour. Ne pas se croire légitime à contrôler juste parce qu’on est parent.
Être parent, ce n’est pas seulement éduquer. C’est grandir. Avec. Ensemble.
Et toi, comment vis-tu ta relation avec ton enfant ? Qu’est-ce qui t’a aidé à créer du lien, ou au contraire, à l’apaiser ? Je serais ravie de lire ton expérience en commentaire 💬