Et si on écoutait les mères ?

Et si on écoutait les mères ?
La maternité

C’est un sujet qui me tient profondément à cœur. J’ai longtemps hésité à en parler, mais aujourd’hui j’ai envie de partager mon ressenti, mon expérience, et peut-être ouvrir un espace de réflexion collective.

"La main qui berce le berceau est la main qui gouverne le monde."
– William Ross Wallace

Quand l’instinct maternel est mis sous silence

Depuis la nuit des temps, le processus de procréation est au cœur de la vie humaine. Et pourtant, dans nos sociétés modernes, j’ai l’impression qu’on a tout fait pour faire taire l’instinct maternel. On sépare très tôt les bébés de leurs mères, on pousse au sevrage rapide, on va même jusqu’à nous faire croire que le lait maternel n’est pas ce qu’il y a de mieux… Et si on continue d’allaiter après trois ans, on nous regarde comme si on était anormale. Par contre, donner du lait de vache, là, c’est “normal”.

Au lieu de soutenir les mères, on les bombarde de conseils contradictoires, d'injonctions déguisées, de normes absurdes qui étouffent leur instinct.

Tout semble organisé pour casser ce lien vital, fondamental, entre une mère et son enfant. Et au fond, je me demande si on ne fabrique pas une société de névroses dès la naissance, en privant les enfants de cette sécurité affective primordiale.

La maternité comme un projet vivant

Quand je suis tombée enceinte, j’ai commencé à me renseigner… puis j’ai arrêté. Trop de discours, trop d’opinions. J’ai décidé de faire confiance à la vie, de prendre les choses comme elles viennent. Mon expérience en gestion de projet m’a soufflé une idée : tester, analyser, corriger, améliorer. C’était parfait sur le papier…

Mais je n’avais pas anticipé la peur. Peur de mal faire. Peur de blesser. Peur de ne pas être à la hauteur. Quand je suis rentrée de l’hôpital avec ma fille dans les bras, j’'étais en panique. Et si je faisais tout de travers ? Et si je ratais quelque chose d’irréversible ? Et si je lui faisais du mal ?

La pression sociale et le jugement permanent

Malgré toutes ces peurs, il y a une chose dont j’ai toujours été certaine :

  • Je ne laisserais jamais ma fille pleurer sans rien faire.
  • Je ne la forcerais jamais à dormir seule dans le noir si elle ne le voulait pas.
  • Je ne refuserais jamais de la prendre dans mes bras lorsqu'elle me le demande.

Et pourtant, j’en ai entendu, des remarques :

  • "Tu vas en faire une capricieuse."
  • "Tu devrais la laisser pleurer, elle doit apprendre."
  • "Un enfant doit savoir jouer seul dans un parc."

Mais non. Mon instinct me disait autre chose. Et je l’ai écouté.

Une autre vision du maternage

J’ai eu la “chance” (oui, je le dis comme ça) de bénéficier d’un licenciement économique juste après mon congé maternité. Je n’ai pas eu à retourner au travail tout de suite. J’ai choisi de rester avec ma fille jusqu’à ce qu’elle marche. Je ne pouvais pas me résoudre à la déposer à la crèche alors qu’elle ne pouvait même pas encore se déplacer d’elle-même. L’idée qu’elle soit posée quelque part, dépendante du bon vouloir d’un adulte pour être portée, me paraissait inhumaine.

Je sais que beaucoup de professionnelles en crèche sont bienveillantes. Ce n’est pas une critique envers elles. C’est une critique du système, qui considère cette séparation précoce comme normale. Moi, je ne le pouvais pas. Ce n’était pas ma norme.

J’ai aussi fait le choix de dormir avec ma fille. Et là encore, que de critiques. Mais pour moi, ce lien physique, cette proximité, c’est ce qui lui donnait la confiance nécessaire pour s’ouvrir au monde.

Le besoin de sécurité, base du développement

La pyramide de Maslow nous le dit : après les besoins physiologiques, vient le besoin de sécurité. Ce sentiment ne tombe pas du ciel, il se construit dès l’enfance, quand un bébé se sent soutenu, protégé, écouté.

Et c’est là que je me demande si le sevrage émotionnel et physique trop précoce ne serait pas à l’origine de nos comportements d’adultes en quête permanente de réconfort. Si cette rupture trop brutale du lien mère-enfant ne créait pas un vide intérieur que nous cherchons à combler par des addictions : nourriture, achats, écrans, alcool, relations toxiques ?

Je pense que beaucoup de nos souffrances d’adultes prennent racine dans cette séparation trop brutale, dans ce manque de lien, d’attention, d’amour inconditionnel. Être placé très jeune en crèche, au lieu de rester dans la cellule familiale sécurisante, peut laisser une empreinte invisible mais bien réelle.

Une empreinte qui freine l’audace, la confiance, la curiosité. Une empreinte qui crée des adultes qui ont peur d’explorer, de découvrir, d’élargir leur horizon… parce qu’ils n’ont pas appris, dès le départ, que le monde pouvait être un endroit sûr.

Comment un tout-petit peut-il se sentir en sécurité dans une crèche avec 20 autres enfants pour quelques adultes débordés ? Comment peut-il se sentir important, vu, entendu ?

Revaloriser le rôle de mère

Ce que je trouve le plus dur, c’est qu’on pousse les mères à faire des choix impossibles. Reprendre le travail ou rester avec son bébé ? Nourrir son enfant au sein ou lui imposer un sevrage rapide pour des raisons logistiques ? Dormir ensemble ou l'entraîner à l’indépendance à tout prix ?

On est censées tout faire bien, tout de suite, en suivant des règles qu’on n’a pas écrites. Et si on écoute notre cœur, on passe pour des faibles, des inconscientes, des paresseuses ou des mères fusionnelles.

Mais ce que peu de gens réalisent, c’est la torture mentale que cela représente. Le rôle de mère est fondamental. Il construit le futur de l’humanité. Et pourtant, il n’est ni reconnu, ni soutenu, ni valorisé.

Je suis convaincue qu’on devrait repenser la société autour des besoins réels des enfants et de leurs mères. Qu’on devrait rémunérer les mères qui souhaitent rester auprès de leur enfant. Non pas comme un “salaire” au rabais, mais comme une reconnaissance du rôle qu’elles jouent.

Être mère, ce n’est pas “ne rien faire”. C’est éduquer, sécuriser, nourrir, soigner, éveiller. C’est bâtir les fondations de demain. Et ce rôle mérite d’être honoré.


Et toi, que penses-tu de tout ça ? Est-ce que ce modèle de société valorise suffisamment le rôle des mères ? Est-ce que tu penses, comme moi, que l’instinct devrait être davantage écouté, respecté, soutenu ?

Que tu sois parent, futur parent, ou simplement citoyen·ne concerné·e, viens partager ton point de vue en commentaire. Ouvrons ensemble le débat sur ce que signifie vraiment soutenir la parentalité aujourd’hui.