Contempler : ralentir pour mieux vivre

Contempler : ralentir pour mieux vivre
Fenêtre sur un paradis intérieur
"Le bonheur, c’est la contemplation de l’âme." — Aristote

Et si tu faisais pause ? Juste un instant.

Petite, je n'avais pas le droit de sortir. Je n'avais qu'une amie, ma voisine de palier. Alors je ne pouvais pas aller bien loin. Je ne passais pas mes journées à courir ou jouer dans les parcs. J’avais même très peu de contact avec la nature. Ma vie se déroulait entre des blocs de béton et de ciment.

Et pourtant, je rêvais de plages, de mers turquoise et de forêts luxuriantes. L’été, quand le quartier se vidait parce que tout le monde partait en vacances, nous, on restait là, chez nous. Pas de vacances pour nous : mes parents n’en avaient pas les moyens. Pour passer le temps, je m’allongeais sur mon lit, et je regardais par la fenêtre. Les nuages défilaient. Et moi, je les suivais du regard. C’était ma manière de m’évader. De respirer. De rêver.

Plus tard, cette habitude ne m’a jamais quittée. Elle s’est même renforcée. Je me suis souvent retrouvée à rêver devant certaines choses qui, sans raison apparente, me capturaient.

Plus jeune, je travaillais comme vendeuse. La boutique avait de vieux rideaux verts criards dans les cabines d’essayage. Puis un jour, ils ont été remplacés par des rideaux en velours couleur pourpre. J’ai passé la journée à les regarder. À admirer leur tombé, leur matière, leur mouvement. Je ne pouvais pas m’empêcher de m'arrêter à chaque fois que je passais devant. Ma boss n’a pas vraiment compris ni apprécié ça a clashé.

Aujourd’hui encore, je me perds dans le ciel, la mer, ou les fleurs que je laisse vivre chez moi. En ce moment, j’ai des lys magnifiques. Aussi grands que ma main. Si odorants que l’air en devient sacré. Je peux les contempler pendant de longues minutes. Des fois quand ma fille me voit comme ça, elle me demande : — Maman, t’es où encore ?

Je suis là. Présente. Juste là. En train de contempler le monde.

Et puis il y a ces moments sacrés, qui se répètent depuis 11 ans sans jamais me lasser. Chaque matin, je vais réveiller ma fille moi-même. Toujours avec le même rituel. Je m’assois un moment à côté d’elle. Je regarde son visage endormi. Ses traits changent, doucement, au fil du temps. Mais il y a toujours cette même douceur, cette même rondeur d’enfant qui me bouleverse. Je la contemple. Parce que je veux graver dans mon esprit chaque détail de ce visage que j’aime plus que tout au monde. Puis je lui caresse la joue. Je lui parle doucement pour la réveiller.

Contempler, pour moi, c’est ça. C’est honorer le moment présent. Lui donner toute sa valeur.

Depuis que je me suis séparée, j’ai emménagé dans un appartement que j’ai pu décorer 100 % selon mes goûts et mes envies. Et je l’aime. C’est mon sanctuaire. Parfois, je m’installe sur mon canapé, je regarde autour de moi, et je ressens une paix immense. Je regarde mes plantes, mes objets, la lumière qui entre. Et je me dis que je suis bien. Que ce moment, ici, maintenant, est parfait.

La contemplation, c'est pas “rien faire”.

C’est regarder avec le cœur. C’est une porte vers quelque chose de plus vaste. Un retour à soi, sans exigence, sans mental. Juste l’instant. Juste la beauté. Juste la présence.

Dans la Grèce antique, les philosophes ne séparaient jamais la pensée de la vie. Contempler, ce n’était pas fuir le monde, mais s’en approcher avec plus de clarté et de profondeur.

Pour Platon, contempler, c’était élever l’âme au-delà du visible, se relier à la beauté et à la vérité éternelles.

Pour Aristote, la contemplation – ou théoria – était l’activité la plus noble de l’esprit, un moment gratuit, libre de toute attente, juste pour le plaisir de comprendre et d’exister pleinement.

Pour les stoïciens, contempler le monde et ses mouvements, c’était s’ajuster à l’ordre naturel des choses, cultiver la paix intérieure en acceptant ce qui est.

La contemplation, dans cette sagesse ancienne, n’était pas un luxe, mais une nécessité pour vivre aligné, lucide, apaisé.

Et si aujourd’hui encore, nous faisions une place à cette pratique oubliée ?
Prendre le temps de regarder vraiment. D’écouter sans répondre. D’exister sans performer.
Contempler pour vivre. Contempler pour être.

Pourquoi tu devrais t’autoriser à contempler :

  • Parce que ça ralentit ton système nerveux et te reconnecte à ton corps.
  • Parce que ça réveille ton intuition, et fait taire le bruit mental.
  • Parce que ça réouvre ton cœur, à la magie, à la douceur, à la vie.
  • Parce que c’est là, juste là, que tu retrouves ton âme.

Intègre la contemplation à ton quotidien

Tu n’as pas besoin d’aller à Bali. Ni d’avoir une heure devant toi.

Contempler, c’est un acte simple :

  • Regarde vraiment une fleur.
  • Observe le ciel, sans chercher à l’analyser.
  • Regarde ton café tourner.
  • Écoute les vagues.
  • Admire les plis d’un rideau ou la lumière sur un mur.
  • Regarde la pluie qui tombe.

C’est une forme d’amour. Une forme de prière. Et plus tu pratiques, plus ton regard change.

La contemplation, une sagesse ancienne

Dans les traditions spirituelles, la contemplation est vue comme un acte sacré. Une façon de se connecter au divin en toute chose. Dans le zen, on dit :

"Quand tu regardes une fleur, sois simplement la fleur."

C’est une manière de fusionner avec ce que l’on regarde. De sortir du mental pour retrouver l’unité.

Et tu sais ce qui est fou ? On n’a pas besoin d’y croire. Il suffit de le faire. Le corps, l’âme, savent. Le reste suit.

Redonne-toi le droit d'être là.

Contempler, c’est reprendre possession de son regard. De son rythme. De son espace intérieur.

Je t’invite aujourd’hui à faire pause. Juste quelques minutes.

Choisis un objet, une lumière, une forme. Contemple-la. Respire. Laisse le moment te parler. Laisse ton cœur être touché.

Et si tu retrouvais ton regard d’enfant ?

Parce que dans ce regard là, il y a peut-être tout ce qu’il faut pour retrouver la paix.